Tout savoir sur le vin Bio -  [Etape 1] Produire du raisin

Tout savoir sur le vin Bio - [Etape 1] Produire du raisin

Publié le : - Catégories : Techniques

Voici un article sans idéologie pour vous aider à mieux comprendre ce que recèle la mention de vin bio, notamment d’un point de vue technique. L’idée est d’expliquer dans le détail ce que garantie ou pas la mention bio.  Vos questions et commentaires sont les bienvenus, nous y répondrons avec plaisir !

Comment savoir si un vin est bio ?

Le vin bio est facilement identifiable car c'est une certification officielle et européenne. Les vins certifiés bio sont en général reconnaissables grâce au logo bio souvent (mais pas toujours) apposé sur les étiquettes. Dans le cas où le logo n'est pas présent sur la bouteille, le vigneron doit pouvoir produire son certificat. L'étiquetage bio répond à des normes strictes, en plus du logo, vous avez le code de l'organisme certificateur et l'origine du produit. 

Logo vin bio

Le vin bio commence par le raisin bio

Cela peut sembler évident, certes, mais produire un vin bio débute d'abord par la production de raisin bio.

Avant 2012, la notion de vin biologique n’existait pas : seul le raisin était bio et rien ne régissait les opérations de transformation. On avait donc du vin « issu de raisin produit en agriculture bio » et non du vin biologique tel qu'on l'entend aujourd'hui.

Globalement l’agriculture bio, régie depuis 1991 par le règlement CEE numéro 2092 de la Communauté Européenne, signifie que le producteur n’a pas le droit d’utiliser des produits de « synthèse » dans son processus de production. Il a en revanche le droit d’utiliser des produits que l’on trouve à l’état naturel. 

Exemple : le soufre est un produit de protection des plantes que l’on trouve naturellement, alors que le « tébuconazole », efficace sur la même maladie, est synthétisé par l’industrie chimique !

Vigne bio

Se passer des désherbants ...

L'ensemble des viticulteurs cherchent à « maîtriser » l’herbe présente dans leurs parcelles, soit parce qu’elle représente une concurrence trop forte pour la vigne (consommation d’eau et d’éléments minéraux) soit parce qu’elle « monte » dans la zone des grappes (problème sanitaire et qualitatif). La maîtrise de l’enherbement peut se faire par tonte ou par labourage des sols ou en utilisant des désherbants. Les bios doivent se passer de désherbant, dont le fameux glyphosate.

Pour les viticulteurs bios, seule la tonte ou le travail du sol sont possibles. En effet, aucun désherbant d'origine naturel n’existe à ce jour.

Les viticulteurs bios utilisent des outils pour travailler le sol sous le rang, notamment les charrues ou lames interceps. En dehors de l’investissement en matériel, c’est surtout un travail plus long et plus délicat. Il a l’avantage de supprimer les racines superficielles de la vigne, forçant celle-ci à s’enraciner en profondeur. En viticulture conventionnelle le désherbage sous les rangs de vigne (soit 30% de la surface environ) est assez fréquent tandis que la zone entre les rangs est tondue ou labourée, mais certains propriétaires non bio se passent également totalement de désherbant.

Labour des champs, vin bio

Protéger sa culture : les pesticides en bio, fongicides ou insecticides

La vigne est très sensible à deux maladies fongiques (champignons) : le mildiou et l’oïdium, et il est presque impossible d’obtenir du raisin sans protéger les plantes contre celles-ci. 

Fort heureusement pour la viticulture bio, on trouve à l’état naturel deux fongicides indispensables à la lutte contre ces champignons :

  • Le cuivre (c'est le produit bleu) notamment sa forme sulfate (ou bouillie bordelaise) pour le mildiou 
  • Le souffre pour l’oïdium. 

Ces deux produits, dont la découverte est très ancienne et l'utilisation centenaire, peuvent être utilisés lorsque l'on souhaite produire un vin bio, avec des limites de quantité pour le cuivre dont les résidus dans les sols peuvent poser problème. Selon les zones de production, l’un ou l’autre de ces pesticides sera plus ou moins utilisé. Les régions pluvieuses (Bordeaux, Loire, Bourgogne, Champagne) doivent se prémunir du mildiou (cuivre) tandis que le sud de la France et la vallée du Rhône sont plus concernés par l’oïdium (souffre). 

Cuivre   Souffre

D’autres produits, à base d’argile ou d’extrait d’agrumes sont disponibles dans la pharmacopée bio. On recherche également des stimulants permettant d’activer les défenses naturelles de la vigne. Cependant, à ce jour leur efficacité reste limitée. Il existe également un insecticide extrait directement des plantes qui peut être utilisé pour la production de raisins bio.

Ces pesticides, car il s’agit bien de pesticides, sont des produits «de contact » qui ne pénètrent pas la plante et ont des classements toxicologiques assez « neutre ». Ils ont une toxicité sans commune mesure avec certains pesticides de l'industrie chimique (notamment les "CMR": cancérigène, mutagène - reprotoxique) mais leur utilisation est également très encadrée dans la production de vin bio.

Ce sont des produits purement préventifs et qui sont lessivés par la pluie. Paradoxalement, leur utilisation nécessite plus de passages dans les vignes. Un viticulteur bio traite donc en général plus qu’un viticulteur conventionnel si on regarde le nombre de traitements et la quantité de produit employée (ces données, souvent communiquées par les médias, doivent donc être étudiées avec recul).  La protection du vignoble peut s’avérer très délicate en cas de météo très défavorable empêchant le renouvellement des traitements. Dans ces situations, les vignobles bio enregistrent souvent des pertes importantes. A noter que les pesticides "conventionnels" sont également soumis à des règles d'homologation et d'utilisation très strictes qui, si elles sont respectées, garantissent, en théorie, leur innocuité pour le consommateurs et l'applicateur.

Les engrais en viticulture bio

Aucun engrais chimique n’est autorisé en viticulture bio. Le vigneron bio pourra utiliser des composts, des fumiers ou toute forme d’engrais organique ainsi que quelques substances minérales présentes à l’état naturel (chaux, sulfate de potasse). La vigne est une plante qui ne nécessite pas beaucoup d’apports sauf  si l'on souhaite effectuer de gros rendements, et les engrais organiques disponibles permettent de maintenir un niveau correct de production. Le rendement n’est pas lié uniquement à l’utilisation d’engrais, d’autres facteurs sont importants, comme l’âge de la vigne, le cépage ou encore la disponibilité en eau.

Ce que garantie un vin bio

Un vin bio est toujours issu de raisin bio. Vous avez donc la garantie qu’aucun produit de synthèse n’a été utilisé pour produire le raisin dont il est issu. Pas de désherbant, pas d’engrais chimique et des produits de traitements principalement restreints au soufre et au cuivre. Cela ne garantit en revanche pas "les bonnes pratiques du vigneron" (traitements des déchets et des effluents, conduite raisonnée de la vigne, consommation d'eau ou d'énergie), une viticulture (et donc un vin) de qualité, ni l'impact sur la biodiversité ou l'empreinte carbone. En général, le passage en bio est le fruit d'une philosophie qui tend à être soucieux de tous ses aspects, mais la certification en elle-même ne s'y intéresse pas.

Nous aborderons dans de prochains articles la vinification bio qui permet de transformer le raisin bio en "vin bio", la biodynamie ou encore des vins natures. En attendant, nous vous proposons de découvrir notre gamme de vins bio  dans la sélection.

N'hésitez pas à nous poser vos questions ou vos remarques ! Et pour les plus déterminés d'entre vous, vous pouvez également consulter le règlement du journal officiel de l'Union Européenne.

Oenologiquement vôtre,

LBV.

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